Doit-on enseigner la "morale laïque"?
+2
Bob Volte
Résistons
6 participants
Page 1 sur 1
Doit-on enseigner la "morale laïque"?
"Je n'ai pas dit instruction civique mais bien morale laïque", explique le ministre. "C'est plus large, cela comporte une construction du citoyen avec certes une connaissance des règles de la société, de droit, du fonctionnement de la démocratie, mais aussi toutes les questions que l'on se pose sur le sens de l'existence humaine, sur le rapport à soi, aux autres, à ce qui fait une vie heureuse ou une vie bonne".
Selon lui, "si ces questions ne sont pas posées, réfléchies, enseignées à l'école, elles le sont ailleurs par les marchands et par les intégristes de toutes sortes".
Qu'en pensez-vous?
Re: Doit-on enseigner la "morale laïque"?
Je sais pas mais j'ai mal pris le fait qu'il parle de la concurrence et de l'argent comme de procédés forcément négatifs.
Pourquoi la concurrence serait forcément une mauvaise chose ? Les français n'ont ils pas suivis attentivement les jeux olympiques avec envie ? Tout le contraire de ce que l'on pense et fait aujourd'hui.
Elle permet à chacun de se montrer sa véritable valeur. On peut s'associer et coopérer dans la concurrence.
Oui pour des leçons de morale et de fonctionnement.
Non pour des leçons d'idéologie.
Pourquoi la concurrence serait forcément une mauvaise chose ? Les français n'ont ils pas suivis attentivement les jeux olympiques avec envie ? Tout le contraire de ce que l'on pense et fait aujourd'hui.
Elle permet à chacun de se montrer sa véritable valeur. On peut s'associer et coopérer dans la concurrence.
Oui pour des leçons de morale et de fonctionnement.
Non pour des leçons d'idéologie.
Bob Volte
Re: Doit-on enseigner la "morale laïque"?
Bob Volte a écrit:Je sais pas mais j'ai mal pris le fait qu'il parle de la concurrence (...) comme de procédés forcément négatifs.
Tiens, cela est un très bon sujet de débat! Merci pour l'inspiration!
Re: Doit-on enseigner la "morale laïque"?
Dans le midi libre je lis :
Et je me marre parce que la "morale laïque" de Ferdinand Buisson à Louis Pecaut en passant par Charles Wagner a une histoire .... pas très catholique en lien avec l'école publique et l'entourage de Jules Ferry.
La morale "laïque" existe-t-elle ? Vincent Peillon, dont j'ai bien aimé le dernier bouquin veut-il relancer l'aventure de Ferdinand Buisson et de Elie Aristide Astruc ?
Sur le fond, enseigner à l'école une morale universelle est une bonne idée.
Midi Libre a écrit:Le sociologue Jean Baubérot a accueilli avec enthousiasme la décision de M. Peillon : "C’est une question complexe et fondamentale qui touche à la laïcité, car il y a notamment l’Église catholique qui est à fond contre".
Et je me marre parce que la "morale laïque" de Ferdinand Buisson à Louis Pecaut en passant par Charles Wagner a une histoire .... pas très catholique en lien avec l'école publique et l'entourage de Jules Ferry.
La morale "laïque" existe-t-elle ? Vincent Peillon, dont j'ai bien aimé le dernier bouquin veut-il relancer l'aventure de Ferdinand Buisson et de Elie Aristide Astruc ?
Sur le fond, enseigner à l'école une morale universelle est une bonne idée.
Benoît Montfort
Re: Doit-on enseigner la "morale laïque"?
Mais qu'est ce que c'est que ce truc ? la morale "laïque" ? c'est nouveau, ça vient d'être inventé ?
La laïcité de la morale ??? je comprends pas comment une morale peut être laïque, quelqu'un peut m'expliquer ?
La laïcité de la morale ??? je comprends pas comment une morale peut être laïque, quelqu'un peut m'expliquer ?
JeH Lou
Re: Doit-on enseigner la "morale laïque"?
JeH Lou a écrit:Mais qu'est ce que c'est que ce truc ? la morale "laïque" ? c'est nouveau, ça vient d'être inventé ?
La laïcité de la morale ??? je comprends pas comment une morale peut être laïque, quelqu'un peut m'expliquer ?
Du temps où l'école n'était ni publique ni laïque, la morale était religieuse, le plus souvent catholique. les républicains laïcs l'estimaient "punitive". Les laïcs de la 3ème république sont donc tenté d'élaborer une "morale laïque", positive et non punitive.
Ils ont confié l'élaboration des manuels de morale laïque à une partie des gens dont j'ai cité les noms. La plupart étaient des théologiens protestants parce que ceux-ci étaient favorables à la laïcité. On ne peut donc parler de "morale laïque" à proprement parler.
Et donc, le fait que Vincent Peillon parle d’enseigner à nouveau une morale laïque est émouvant quand on parle de refonder l'école de la république mais que va-t-il mettre dedans sachant que , de nous jours, la France n'est plus un pays aux 4 religions comme sous la 3ème république mais aux 5 religions au moins.
Peillon est prof de philo de métier. A mon sens (je dis ça, mais je ne dis rien) , il ferait mieux de faire enseigner la philosophie dès la classe de 6è à partir de "cas de conscience pratiques".
Benoît Montfort
Re: Doit-on enseigner la "morale laïque"?
Benoît Montfort a écrit:
Et donc, le fait que Vincent Peillon parle d’enseigner à nouveau une morale laïque est émouvant quand on parle de refonder l'école de la république mais que va-t-il mettre dedans sachant que , de nous jours, la France n'est plus un pays aux 4 religions comme sous la 3ème république mais aux 5 religions au moins.
Peillon est prof de philo de métier. A mon sens (je dis ça, mais je ne dis rien) , il ferait mieux de faire enseigner la philosophie dès la classe de 6è à partir de "cas de conscience pratiques".
A mon avis aussi, cela a plus de sens si effectivement, Peillon est prof de philo. C'est son domaine de connaissance. Et la philo (mais je ne suis plus au courant des programmes scolaires depuis que mes enfants sont sortis des études) n'est enseignée qu'à partir de la dernière année du cycle secondaire, ce qui me parait bien tard et bien court pour y puiser des connaissances qui marquent la construction d'une critique propre à chacun. Au temps des premiers philosophes, parmi leurs disciples ou élèves, il y avait de jeunes enfants, adolescents, il me semble ?. Mais aujourd'hui, la tendance est plutôt à retarder et prolonger l'adolescence, il y a même des personnes soi-disant adultes qui sont encore des enfants dans le sens où leur vie n'est remplie que d'enfantillages, même parmi nos dirigeants, ceux qui devraient avoir comme principale qualité une extrême sagesse, et un brin de l'enfance en même temps, afin de garder une certaine fraîcheur, une spontanéité, une curiosité d'enfant.
J'ai enseigné le catéchisme, pour mes enfants, étant d'une famille très croyante et ma belle-famille aussi. Mais l'on me traitait de "progressiste" parmi des catéchumènes !!! J'utilisais les images-photos de magasines très divers, médias de tout bord et m'en servais de support pour des discutions avec les enfants en lien avec les textes bibliques. Je fus souvent regardée comme le diable dans leur cercle fermé, petit village de campagne. Le directeur de l'école primaire étant également très croyant, la communauté où j'ai donc vécu presque 30 ans m'a vraiment dégoûtée de l'enseignement religieux.
Quant à l'enseignement scolaire, jusqu'à la fin du secondaire, et les universités m'ont déçue. Etant déléguée de parents d'élèves, il était très difficile, en face du "corps professoral" d'opposer des idées sur l'éducation, qui on le sait trop bien, est un domaine réservé aux profs !!! on ne peut pas échanger, alors que pour ce qui est de l'éducation, je pense que les parents, dont le rôle premier est bien l'éducation au sens large, ont des choses à dire et à prendre en compte. Il existe bien des écoles qui appliquent des méthodes d'enseignement sur la base de cas de conscience pratique, où le pourquoi est expliqué, vécu donc mieux assimiler (apprendre sans les vivre, les règles, le langage, l'abstrait comme les maths, c'est plus dur et plus long).
Il faudrait demandé à ce Monsieur Peillon, prof de philo, pourquoi il a choisi cette matière à enseigner ? la ou les réponses devraient être intéressantes. Mais répondra-t-il ? maintenant qu'il est un membre du gouvernement, je ne me trompe pas ?
L'enthousiasme du sociologue recueillie par les médias (???), porterait donc sur le fait que les catholiques seraient contre ? un argument qui oppose, bien sûr au lieu de relier, bizarre cette manie de toujours vouloir opposer les gens, au lieu de poser des points de vue différents et qui peuvent se compléter, s'ouvrir sur du nouveau, amorcer une vision globale et non sectaire, fermée, immuable. La pensée n'est autre que point de vue, à elle seule, elle ne peut tout posséder.
Il me semble qu'il y a des écoles où l'on a expérimenter la philo même au primaire. Mais je ne sais si cela a été suivi et certains résultats, analyses transmises afin de servir de modèle, d'inspiration.
JeH Lou
Re: Doit-on enseigner la "morale laïque"?
JeH Lou a écrit:
J'ai enseigné le catéchisme, pour mes enfants, étant d'une famille très croyante et ma belle-famille aussi. Mais l'on me traitait de "progressiste" parmi des catéchumènes !!! J'utilisais les images-photos de magasines très divers, médias de tout bord et m'en servais de support pour des discutions avec les enfants en lien avec les textes bibliques. Je fus souvent regardée comme le diable dans leur cercle fermé, petit village de campagne. Le directeur de l'école primaire étant également très croyant, la communauté où j'ai donc vécu presque 30 ans m'a vraiment dégoûtée de l'enseignement religieux.
A mon sens, tu leur a donné un enseignement religieux "urbain". J'habite "le diocèse Gaillot", les catholiques y voient le monde autrement, plutôt comme toi.
JeH Lou a écrit:
L'enthousiasme du sociologue recueillie par les médias (???), porterait donc sur le fait que les catholiques seraient contre ? un argument qui oppose, bien sûr au lieu de relier, bizarre cette manie de toujours vouloir opposer les gens, au lieu de poser des points de vue différents et qui peuvent se compléter, s'ouvrir sur du nouveau, amorcer une vision globale et non sectaire, fermée, immuable. La pensée n'est autre que point de vue, à elle seule, elle ne peut tout posséder.
Baubérot n’est pas un rigolo. Du peu que je le connais (bien ses bouquins et rencontré 4 fois) , sa perspective n’est pas celle que tu dis. Ce qui le réjouit est moins "l’opposition des catholiques" (en fait la hiérarchie catholique) que le fait que cette hiérarchie reprenne opposition qu'elle manifestait sur le même sujet aux débuts de l'école publique. Baubérot est un historien affuté de la laïcité. Je pense donc que c'est la répétition qui le réjouit.
JeH Lou a écrit:
Il me semble qu'il y a des écoles où l'on a expérimenter la philo même au primaire. Mais je ne sais si cela a été suivi et certains résultats, analyses transmises afin de servir de modèle, d'inspiration.
Oui. Un philosophe dont le nom m'échappe faisait ça. Bon, pour la primaire, je suis perplexe. J'en attends plutôt que nos gosses sachent vraiment lire. Ce dont je me souviens, c’est que si mon fils savait lire à son entrée en 6ème, c'est parce que je m'en suis occupé.
Dernière édition par Benoît Montfort le Lun 3 Sep 2012 - 4:12, édité 1 fois (Raison : syntaxe)
Benoît Montfort
Re: Doit-on enseigner la "morale laïque"?
La question posée de la "morale laique" est-elle bien posée?
Je ne sais pas si dans l'esprit de Peillon cela remonte aux origines citées par Benoît Monfort, peut-être, mais rien n'est moins sûr. En tant que professeur de philosophie, j'aurai plutôt pensé que ce qualificatif de laïc apposé à la morale était plutot de source kantienne. La religion est-elle seule géneratrice de morale?
La bien sûr, diversité des élèves oblige, je pense qu'il n'est pas question d'enseigner une morale religieuse ni une morale athée. Mais ce que j'appelerai une morale républicaine, l'sprit des lois comme dit Montesquieu... Je pense que c'est la seule que l'école de l'Etat est en droit, et en mesure, d'enseigner...
Je ne sais pas si dans l'esprit de Peillon cela remonte aux origines citées par Benoît Monfort, peut-être, mais rien n'est moins sûr. En tant que professeur de philosophie, j'aurai plutôt pensé que ce qualificatif de laïc apposé à la morale était plutot de source kantienne. La religion est-elle seule géneratrice de morale?
La bien sûr, diversité des élèves oblige, je pense qu'il n'est pas question d'enseigner une morale religieuse ni une morale athée. Mais ce que j'appelerai une morale républicaine, l'sprit des lois comme dit Montesquieu... Je pense que c'est la seule que l'école de l'Etat est en droit, et en mesure, d'enseigner...
Heudebert
Re: Doit-on enseigner la "morale laïque"?
Pour ajouter une touche d'humour!
Dernière édition par Résistons le Lun 3 Sep 2012 - 9:37, édité 1 fois (Raison : redimensionnement image)
Re: Doit-on enseigner la "morale laïque"?
Heudebert a écrit:
Je ne sais pas si dans l'esprit de Peillon cela remonte aux origines citées par Benoît Monfort, peut-être, mais rien n'est moins sûr. En tant que professeur de philosophie, j'aurai plutôt pensé que ce qualificatif de laïc apposé à la morale était plutot de source kantienne. La religion est-elle seule géneratrice de morale?
.
Etant donné les travaux de Vincent Peillon sur Ferdinad Buisson et l'école laïque, le doute est difficile à entretenir.
Benoît Montfort
Re: Doit-on enseigner la "morale laïque"?
J'ai retrouvé un article de Jean jaurès, paru en 1892 sur le sujet
(« L’instruction morale à l’école », La Dépêche, 8 juin 1892).
La morale laïque, c’est-à-dire indépendante de toute croyance religieuse préalable, et fondée sur la pure idée du devoir, existe ; nous n’avons point à la créer. Elle n’est pas seulement une doctrine philosophique ; elle est devenue, depuis la Révolution française, une réalité historique, un fait social, car la Révolution, en affirmant les droits et les devoirs de l’homme, ne les a mis sous la sauvegarde d’aucun dogme. Elle n’a pas dit à l’homme : Que crois-tu ? Elle lui a dit : Voilà ce que tu vaux et ce que tu dois ; et, depuis lors, c’est la seule conscience humaine, la liberté réglée par le devoir, qui est le fondement de l’ordre social tout entier.
Il s’agit de savoir si cette morale laïque, humaine, qui est l’âme de nos institutions, pourra régler et ennoblir aussi toutes les consciences individuelles. Il s’agit de savoir si tous les citoyens du pays, paysans, ouvriers, commerçants, producteurs de tout ordre, pourront sentir et comprendre ce que vaut d’être homme et à quoi cela engage. Là est l’office principal de l’école. Nos écoles […] sont donc tenues de découvrir et de susciter dans la conscience de l’enfant un principe de vie morale supérieure et une règle d’action. L’enseignement de la morale doit donc être la première préoccupation de nos maîtres.
[…] Qui donc, parmi les hommes, a qualité pour parler au nom de la loi morale et pour exiger le sacrifice de tous les penchants mauvais au devoir . Comment pourrons-nous, comment oserions-nous, avec nos innombrables faiblesses, parler aux enfants de la beauté et de l’inviolabilité de la loi ? Il le faut pourtant, il faut oser, avec modestie, mais sans trouble. La majesté et l’autorité de la loi morale ne sont point diminuées, même en nous, par nos propres manquements et nos propres défaillances : et pourvu que nous sentions en nous une volonté bonne et droite, même si elle est débile et trop souvent fléchissante, nous avons le droit de parler, aux enfants, du devoir.
Au reste, les maîtres de nos écoles, dans leurs obscures et pesantes fonctions, ont bien souvent et tous les jours sans doute l’occasion de se soumettre librement au devoir : […] quand, se croyant méconnus, ils n’ont rien perdu de leur zèle, ils ont accompli la loi par respect pour la loi ; ils ont été libres serviteurs du devoir ; ils se sont élevés à lui, et ils peuvent s’y fixer par la pensée, même s’ils n’y restent pas invariablement attachés par la conduite ; et, alors, ce n’est pas nous qui parlons, c’est le devoir qui parle en nous et par nous, qui n’y sommes pas tout à fait étrangers.
Kant a dit qu’on ne peut prévoir ce que l’éducation ferait de l’humanité, si elle était dirigée par un être supérieur à l’humanité. Or, cet être supérieur à l’homme, c’est l’homme lui-même […] Et ainsi l’humanité peut grandir par la vertu même de l’idéal suscité par elle : et, par un étrange paradoxe qui prouve que le monde moral peut échapper à la loi mécanique, l’humanité s’élève au-dessus d’elle-même sans autre point d’appui qu’elle-même. Donc, les maîtres […] doivent parler sans crainte de l’excellence du devoir, de la dignité humaine, du désintéressement, du sacrifice, de la sainteté. […]
[…] l’enseignement civique ne peut avoir de sens et de valeur que par l’enseignement moral, car les constitutions qui assurent à tous les citoyens la liberté politique et qui réalisent ou préparent l’égalité sociale, ont pour âme le respect de la personne humaine, de la dignité humaine. La Révolution française n’a été une grande révolution politique que parce qu’elle a été une grande révolution morale.
[…] Ainsi, de tous nos devoirs les plus familiers en apparence, comme la propreté et la sobriété, il faut toujours donner les raisons les plus hautes, celles qui font le mieux sentir la grandeur de l’homme. Par là, tous les enfants de nos écoles auront le sentiment concret et précis de l’idéal. Il semble, d’abord, que ce soit là un mot bien ambitieux pour nos écoles primaires et bien au-dessus de l’enfance. Il n’en est rien : l’âme enfantine est pleine d’ infini flottant, et toute l’éducation doit tendre à donner un contour l’esprit de l’enfant jusqu’à l’idée de la perfection morale, de la sainteté.
Et alors, combien grande serait une humanité où tous les hommes respecteraient la personne humaine en eux-mêmes et dans les autres, où tous les hommes diraient la vérité, où tous fuiraient l’ injustice et l’orgueil, et ne recourraient ni à la violence, ni à la ruse, ni à la fraude ! Ce serait la société parfaite, l’humanité idéale, que tous les grands esprits et les grands cœurs ont préparée par la promulgation du devoir et par la soumission au devoir, celle que tous les hommes, et les plus humbles, et les enfants mêmes, peuvent préparer aussi par la soumission libre à la loi morale ; car cette humanité idéale, quand elle prendra corps, sera faite avec la substance de tous les désintéressements et de tous les sacrifices.
Et, ainsi, non seulement l’enfant de nos écoles comprendra ce qu’est l’idéal moral pour tout individu humain, pour lui-même et pour l’ensemble de l’humanité, mis il sentira qu’il peut concourir lui-même, par la droiture, par la pratique journalière du devoir, à la réalisation de l’idéal humain. Du coup, sa vie intérieure sera transformée et agrandie : ou plutôt, la vie intérieure aura été créée en lui.
Voilà le but suprême que doit se proposer l’école primaire. Par quelle voie, par quelle méthode pourra-t-elle y atteindre le plus sûrement ? Quels doivent être les procédés pratiques d’enseignement de la morale aux enfants ? Et encore, est-ce que la vie morale, libre de toute croyance religieuse préalable, ne devient pas le point de départ d’une conception religieuse, rationnelle et libre, de l’univers ? Questions difficiles ou périlleuses, mais qu’il faudra aborder aussi, si nous ne voulons pas traiter la conscience de la démocratie et l’âme du peuple comme une quantité négligeable. Mais il suffit, pour aujourd’hui, que nous ayons bien compris toute la grandeur de la mission de nos maîtres : ils doivent être avant tout des instituteurs de morale.
(« L’instruction morale à l’école », La Dépêche, 8 juin 1892).
Re: Doit-on enseigner la "morale laïque"?
Précision : La morale laïque que souhaite introduire à l'école sera une discipline à part entière et sera notée. C'est ce que précise Vincent Peillon. Mais pour le ministre de l'Education, il faut d'abord former les futurs enseignants à cette matière et refondre les programmes.
http://www.franceinfo.fr/education-jeunesse/peillon-la-morale-laique-sera-notee-729379-2012-09-05
http://www.franceinfo.fr/education-jeunesse/peillon-la-morale-laique-sera-notee-729379-2012-09-05
Re: Doit-on enseigner la "morale laïque"?
Les réactions des lecteurs de l'article ci-dessus mis en lien en dit long sur l'enthousiasme pour cette refonte de l'enseignement.
C'est assez énervant de répéter la même chose: pourquoi on ne consulte pas les enseignants ? Ils savent eux mêmes quelles sont les priorités , et ces priorités sont différentes en fonction des lieux d'enseignement.
On fait passer la charrue avant les boeufs ! pas étonnant que l'on arrive jamais au but ... conserver la même attitude, malgré le changement des têtes au gouvernement, c'est du conservatisme, de gauche ou de droite, celui-ci n'étant pas vraiment un tremplin pour un changement ... pourtant oh! combien nécessaire.
Quand à cette définition de la morale laïque que décrit Mr Peillon, j'appellerai plutôt ça "l'esprit critique", mais justement, s'il ne l'appelle pas ainsi, il doit y avoir anguille sous roche ...
C'est assez énervant de répéter la même chose: pourquoi on ne consulte pas les enseignants ? Ils savent eux mêmes quelles sont les priorités , et ces priorités sont différentes en fonction des lieux d'enseignement.
On fait passer la charrue avant les boeufs ! pas étonnant que l'on arrive jamais au but ... conserver la même attitude, malgré le changement des têtes au gouvernement, c'est du conservatisme, de gauche ou de droite, celui-ci n'étant pas vraiment un tremplin pour un changement ... pourtant oh! combien nécessaire.
Quand à cette définition de la morale laïque que décrit Mr Peillon, j'appellerai plutôt ça "l'esprit critique", mais justement, s'il ne l'appelle pas ainsi, il doit y avoir anguille sous roche ...
JeH Lou
Re: Doit-on enseigner la "morale laïque"?
Résistons a écrit:J'ai retrouvé un article de Jean jaurès, paru en 1892 sur le sujet
C’est celui qu'Abdenour Bidar connaît quasiment par coeur. Mais quand je me marrais, plus haut, je pensais aussi à ce texte qui dit "la morale indépendante des religions existe". Sur cette forte déclaration, Ferdinand Buisson (le sujet principal des travaux universitaires de Vicent Peillon) et Aristide Astruc (grand rabbin de Belgique d'un courant très libéral) se mirent en quête de cette morale indépendante sans jamais parvenir à la trouver. Tous les items que les militants de la laïcité mettent dans morale laïque sont issus des religions monothéistes, un peu brossés et cirés puis remis en circulation : c'en est le plus petit commun multiple. Ainsi tomba à l'eau la "ligue pour une morale indépendante" et elle devint "ligue pour l'école laïque". je ne peux mettre une bibliographie là-dessus parce que le serveur de la digithèque de l'ULB a du mou ce matin.
Je verse au dossier de la morale laïque le débat de C'dans l'air d'hier.
Vous y rermarquerez la PEEP qui prétend que la morale laïque c'est "contre les religions et contre les parents", le remarquable instituteur normand Sylvain Grandserre. et Abdenour Bidar, Chargé de Mission sur la "pédagogie de la laïcité" par le Ministère de l'Education Nationale et le Haut Conseil à l'Intégration.
Là dessus, je me suis rendu compte qu'à la pédagogie de la laïcité et aux droits des femmes notre gouvernement a choisi deux citoyens qui se disent eux-même musulmans. Je trouve que ce choix décoiffe et est de nature à donner à tout un chacun une autre idée de l'islam que ce qu'on en rencontre ordinairement sur les forums
Dernière édition par Benoît Montfort le Jeu 6 Sep 2012 - 6:32, édité 1 fois (Raison : Ariside Astruc et Ferdinand Buisson)
Benoît Montfort
Re: Doit-on enseigner la "morale laïque"?
Benoît Montfort a écrit:TTous les items que les militants de la laïcité mettent dans morale laïque sont issus des religions monothéistes, un peu brossés et cirés puis remis en circulation : c'en est le plus petit commun multiple.
Ca, aucun athée ayant une once de recul (pour les distinguer des "athées de forum" dont il était question récemment), ne viendra dire le contraire! Il est indéniable que l'athéisme occidental baigne dans une culture, qui, si elle n'est pas fondamentalement judéo-chrétienne, en est néanmoins fortement teintée. Et même si il ne faut pas confondre athéisme et laïcité, il est indéniable que celle-ci en est fortement teintée aussi.
Par conséquent, il est clair que notre conception de la morale laïque, si elle tente de se démarquer de la morale religieuse, en est forcément une progéniture. Dans ses composantes similaires ( la morale laïque ne rejette pas la morale religieuse, mais tente de la désacraliser, de la déréifier) et dans ses composantes différentes ( qui ne sont bien souvent que des comppsantes par opposition ou par rejet et donc ontologiquement dépendantes)
gargamel_79
Re: Doit-on enseigner la "morale laïque"?
Et la morale éthique, scientifique, écologique, politique ... ????? on peut en mettre partout de la morale dans ce cas, non ? elles ne dépendent pas forcément de la religion ou de la laïcité ?
La morale est un point d'appui pour toute vie collective, ce n'est rien que ça, des règles de conduite, on s'en fout qu'elle viennent d'un dieu, d'une constitution, d'un ordre professionnel, ...
C'est bien dans son application qu'elle devient intéressante et pas dans sa définition et son appartenance que cela devient ennuyeux. La réalité d'une belle idée est dans sa réalité palpable et visible, compréhensible pour les gens. Tout le monde n'est pas capable de s'engager dans des discours pour définir ce qu'est la morale, la preuve, va falloir former les enseignants d'abord à leur enfoncer dans le crâne ce qu'est la morale laïque, et ce qui est attendu de cette morale une fois assimilée dans la tête des enfants, quitte à ce que le prof ne soit pas favorable à cet enseignement, et quelles méthodes d'enseignement de la morale (du par coeur, du participatif, des questionnements, ...). L'apprentissage du sens critique et/ou de la philosophie me paraît plus englobante pour découvrir les grands mouvements de la pensée, plus large quant aux thèmes, plus ouverte sur les autres cultures, et même pour les profs !
La morale est un point d'appui pour toute vie collective, ce n'est rien que ça, des règles de conduite, on s'en fout qu'elle viennent d'un dieu, d'une constitution, d'un ordre professionnel, ...
C'est bien dans son application qu'elle devient intéressante et pas dans sa définition et son appartenance que cela devient ennuyeux. La réalité d'une belle idée est dans sa réalité palpable et visible, compréhensible pour les gens. Tout le monde n'est pas capable de s'engager dans des discours pour définir ce qu'est la morale, la preuve, va falloir former les enseignants d'abord à leur enfoncer dans le crâne ce qu'est la morale laïque, et ce qui est attendu de cette morale une fois assimilée dans la tête des enfants, quitte à ce que le prof ne soit pas favorable à cet enseignement, et quelles méthodes d'enseignement de la morale (du par coeur, du participatif, des questionnements, ...). L'apprentissage du sens critique et/ou de la philosophie me paraît plus englobante pour découvrir les grands mouvements de la pensée, plus large quant aux thèmes, plus ouverte sur les autres cultures, et même pour les profs !
JeH Lou
Re: Doit-on enseigner la "morale laïque"?
gargamel_79 a écrit:
Ca, aucun athée ayant une once de recul (pour les distinguer des "athées de forum" dont il était question récemment), ne viendra dire le contraire! Il est indéniable que l'athéisme occidental baigne dans une culture, qui, si elle n'est pas fondamentalement judéo-chrétienne, en est néanmoins fortement teintée. Et même si il ne faut pas confondre athéisme et laïcité, il est indéniable que celle-ci en est fortement teintée aussi.
Figure toi que le bouddhisme monte dans la morale laïque dans la façon dont elle aborde l’environnement. C'est la doctrine de l'interdépendance qui explique le mieux dans le vocabulaire laïc la nécessité de faire gaffe à ses déchets, au conséquences de ses choix économiques, etc...
gargamel_79 a écrit:
Par conséquent, il est clair que notre conception de la morale laïque, si elle tente de se démarquer de la morale religieuse, en est forcément une progéniture. Dans ses composantes similaires ( la morale laïque ne rejette pas la morale religieuse, mais tente de la désacraliser, de la déréifier) et dans ses composantes différentes ( qui ne sont bien souvent que des comppsantes par opposition ou par rejet et donc ontologiquement dépendantes)
je te rappelle que les premiers manuels de "morale laïque et citoyenne" furent écrits par des théologiens protestants comme Félix Pécaut et Charles Wagner. Ils sont donc déplacé l'ontologie de Dieu à "la république" et, parfois" la nation" plus souvent "la patrie".
En fait, la moral laïque formule les problématiques de façon différente. Je n'ai jamais posé la question de "la peine de mort" (en instruction civique) en terme de "tu ne tueras pas" (référence biblique) mais en terme de :
* en quoi ajouter un meurtre national à un meurtre crapuleux répare-t-il le passé ?
* en quoi la justice se distingue-t-elle de la vengeance ?
* la peine de mort est-elle un sacrifice aux mânes de la victime ?
Benoît Montfort
Sujets similaires
» Doit-on assouplir la carte scolaire?
» Doit-on évaluer les enseignants?
» Doit-on réformer le Conseil de sécurité de l’ONU?
» Doit-on en finir avec les Rroms?
» Doit-on craindre les puces RFID?
» Doit-on évaluer les enseignants?
» Doit-on réformer le Conseil de sécurité de l’ONU?
» Doit-on en finir avec les Rroms?
» Doit-on craindre les puces RFID?
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum