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Fait-on vraiment de la "catholaïcité" en France ?

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Fait-on vraiment de la "catholaïcité" en France ? Empty Fait-on vraiment de la "catholaïcité" en France ?

Message par Résistons Lun 17 Sep 2012 - 8:35

Fait-on vraiment de la "catholaïcité" en France ? 4402875

A la suite d'une discussion qui s'est envenimée lors d'un cours d'histoire sur "le fait religieux depuis 1880", le professeur de lettres et d'histoire Christophe Varagnac, 36 ans, a été victime d'une agression de la part d'un élève de terminale, mardi, au lycée professionnel Trégey de Bordeaux. L'élève, âgé de 18 ans, l'a frappé avant d'être interpellé, et fera l'objet d'une procédure disciplinaire. Christophe Varagnac, qui enseigne dans ce lycée depuis 2005, "n'a pas raté l'occasion" d'adresser un message au ministre de l'Education, Vincent Peillon, en lui demandant un entretien "constructif et courtois". Il espère que ce ne sera "pas tout à fait une bouteille à la mer"

Et suite à cet évènement, voila ce que propose cet enseignant :

Il serait intéressant d'intégrer à la formation, par exemple, quelques séquences sur l'islam. Ne serait-ce que pour que tous les professeurs aient les connaissances de base quand on leur pose des questions. Le système démocratique permet à chacun de s'exprimer, d'échanger, et l'école doit permettre de comprendre ces problématiques. La laïcité n'a pas à être débattue, pas question de transiger sur le principe. Ce dont on doit débattre, c'est la manière dont on l'applique en tenant compte des évolutions contemporaines. Or on applique en France la "catholaïcité", pas la laïcité. Il n'y a qu'à voir le calendrier de l'Education nationale calqué sur les fêtes chrétiennes. Je ne vois pas non plus pourquoi on met des sapins de Noël dans les établissements scolaires. Il faut être cohérent.

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Fait-on vraiment de la "catholaïcité" en France ? Empty Re: Fait-on vraiment de la "catholaïcité" en France ?

Message par Benoît Montfort Lun 17 Sep 2012 - 13:37

enseignant a écrit:
Or on applique en France la "catholaïcité", pas la laïcité.[/b] Il n'y a qu'à voir le calendrier de l'Education nationale calqué sur les fêtes chrétiennes. Je ne vois pas non plus pourquoi on met des sapins de Noël dans les établissements scolaires. Il faut être cohérent.

Le terme "catholaïcité" fut inventé par Jean Baubérot. Il désigne une laïcité à dominante catholique dans laquelle il voit un héritage de notre histoire dans laquelle l'ECAR a joué le rôle qu'on sait et qui est loin d'être négligeable. Le fait est que le calendrier des jours fériés est calqué sur les fêtes religieuses catholiques.

Lors de la commission sur la laïcité dont est sortie l'interdiction du voile à l'école, Baubérot avait demandé qu'on introduise deux fêtes non chrétiennes dans les jours fériés : l'Aït el Khébir et Yom Kippour. Chirac ne le suivit pas. Tu remarqueras qu'il n'a pas demandé le jour de la Réformation qui se fête le dimanche qui précède la Toussaint quoiqu'il soit de culture protestante.

Chaque fois que le gouvernement, par exemple celui de la Révolution, a voulu changer le calendrier, ça n'a pas fonctionné. En dépit des sanctions, la semaine de 10 jours avec congé le décadi n'a pas empêché les citoyens de compter les 7 jours et d'aller à l'office le dimanche selon l'ancien calendrier et cette résistance passive a conduit à l'abandon du calendrier révolutionnaire. De ce fait, le calendrier avec les fêtes catholiques laïcisées (parce que Noël, franchement ?) est demeuré en place.

Maintenant je conteste la revendication de ce professeur contre le sapin de Noël qui n'a rien à voir avec la fête chrétienne de Noël et tout avec une coutume germanique récupérée d'un passé "païen". Avec ses couleurs rouge et verte, il fut introduit par la reine Victoria à la cour d'Angleterre et généralisé à l'Europe entière à l faveur de l'anglomanie et que Victoria est la grand-mère de tous les princes d'Europe régnants et non régnants. Bon, si c’est un prof' d'histoire, mon collègue devrait un peu se renseigner ; mon sens, cela fait partie de "l’histoire laïque du fait religieux"

A part ça, je ne suis pas choqué par l'idée de "culture dominante" qui conduit les catholiques et les évangéliques à dire l'office dominical le Vendredi en Algérie vu que le congé hebdo, c’est ce jour là. "office dominical", stricto sensu, c'est l'office du jour du Seigneur (lat: Dominus) et en Algérie, le jour du Seigneur est le vendredi. En France, les programmes religieux du cahier des charges de France TV se donnent le dimanche pour toutes les confessions, y compris pour le judaïsme (que le samedi lui agrérait peut-être mieux) et l'islam (que le Vendredi....).

enseignant a écrit:Il serait intéressant d'intégrer à la formation, par exemple, quelques séquences sur l'islam. Ne serait-ce que pour que tous les professeurs aient les connaissances de base quand on leur pose des questions.
Je ne vois pas bien comment il répondrait à l'un de ses élèves musulman qui lui dirait que le christianisme trinitaire est un polythéisme l'occasion d'un cours sur l'architecture romane ou gothique ? C'est donc bien un cours d'enseignement laïc du fait religieux, une préconisation de Regis Debray qu'il faudrait faire pour qu'il puisse lui parler de l'influence de Plotin dans la construction de la trinité.

Les sciences religieuses disait un républicain de la troisième (Clémenceau ou Guimet, je ne sais plus ?) sont des sciences qui se recherchent mais ne s'enseignent pas. Il voulait dire que la recherche universitaire sur la question ne débouchait pas sur un enseignement dans le secondaire et donc, ne faisait pas partie de la culture générale telle que la comprenait la bourgeoisie d'alors. Là se situe le compromis avec l'ECAR qui ne voulait pas "d'histoire des dogmes" (Sacrorum antistitum, 1910... A noter que l'article dit qu'il fut supprimé en 1967 alors qu'il tombe en désuétude dès 1961) donc, pas d'histoire laïque de la religion catholique. A fortiori, elle eut refusé un enseignement identique qui eut mis sur le même plan le catholicisme et les autres religions chrétiennes ou non. D’une certaine façon, en ces temps de montée des fondamentalismes et de choc des ignorances en fait de choc des civilisations, nous nous ramassons encore le nez dans les séquelles de la crise moderniste. Si l'ECAR accepterait aujourd'hui qu'on raconte les diverses thèses de composition du premier ou du second testament, imagine la tête de l'imam du quartier aux jeunes ouailles desquelles on raconterait les diverses thèses des origines de l'Islam de John Wansbrough à Patricia Crosne et celles du Coran de Alfred Louis de Prémarre ou Luxenberg à Gallez ???

La crise moderniste n'est pas encore terminée. Pourtant, l'enseignement laïc du fait religieux est la seule façon d'en sortir par le haut.

Benoît Montfort
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